Découvrez dans Le Monde notre tribune en faveur d’une éducation à la philanthropie à l’École !
28 juin 2022
@Thomas Gaschignard / L'École de la philanthropie
L’École de la philanthropie recrute !
7 juillet 2022

Interview d’expert

L’Ecole de la philanthropie a rencontré Laurence Lepetit, Déléguée générale de France générosités et membre du jury de l’Opération philanthropie 2022.

  1. Les Français sont-ils généreux ?

La générosité est un carburant indispensable d’un écosystème rassemblant 20 millions de bénévoles et 5 millions de donateurs. En donnant de leur temps, les Français font l’expérience de l’engagement. Leurs dons en nature et financier profitent à des millions de personnes en France et à l’international afin de lutter contre de nombreux maux de notre société : précarité, injustice, inégalité ou bien encore risques climatiques.

La générosité des particuliers s’élève à 5 milliards d’euros[1] . Elle a progressé, ces 15 dernières années, portée notamment par l’augmentation du don moyen. Les donateurs français sont en effet très fidèles aux associations et fondations qu’ils soutiennent.  Cependant, il devient de plus en plus difficile de renouveler cette base de donateurs. Ainsi le nombre de nouveaux donateurs a baissé de 9 % entre 2011 et 2021[2]. Les donateurs français sont âgés (Age médian-69 ans). Si nous avons une culture du bénévolat encore forte, c’est moins vrai pour le don financier qui est moins répandu que dans les pays anglo-saxons ou du nord de l’Europe.

  1. Y a-t-il urgence à apprendre la générosité aux enfants ?

L’exercice d’une générosité « en actes » peut éclairer toutes les étapes de la vie. Pour les jeunes, l’engagement est une expérience formatrice qui apporte une ouverture aux autres et à la complexité du monde et éveille à la citoyenneté.

Contrairement aux pays de culture anglo-saxonne, la générosité en France ne se substitue pas à l’action publique. Elle agit en complémentarité, elle permet l’innovation, soutient les causes les plus difficiles et agit au plus près des territoires. Elle se distingue également de la philanthropie à l’anglo-saxonne par la présence d’un don populaire en France. Ce don populaire est indispensable à la vitalité démocratique de notre pays. Il diminue ces dernières années par la combinaison d’un pouvoir d’achat qui baisse chez les catégories les plus modestes et par une culture de la philanthropie qui se concentre parmi les plus hauts revenus.

Il est donc urgent que la culture du don et de l’engagement soit enseignée dès le plus jeune âge à l’ensemble des Français. Elle participe à la construction d’un monde plus solidaire, elle développe notre capacité à nous investir dans un projet collectif partagé. Elle est indispensable au vivre-ensemble.

  1. Comment les acteurs de la générosité peuvent-ils accompagner l’École dans cette perspective ?

France générosités est le Syndicat des associations et des fondations qui font appel à la générosité du public. Il s’engage depuis de longues années pour promouvoir une culture de la générosité en France. La première proposition de notre livre blanc « Accompagner la générosité des français » portée avec l’ensemble des collectifs de la générosité pendant la Présidentielle 2022 est l’inscription de l’éducation à la générosité et à l’engagement dans le Parcours Citoyen dés l’école. Le Président Emmanuel Macron a signé la charte que nous proposions pour une France généreuse par laquelle il s’engage à ce que l’éducation à la générosité puisse être intégrée au sein des programmes éducatifs et d’accompagnement, de l’école primaire au lycée. France générosités a également invité de nombreux candidats aux législatives à signer cette charte. Ils ont nombreux à avoir répondu présents.  Nous serons aux côtés du gouvernement et des parlementaires pendant ce quinquennat pour que cette promesse se concrétise.

[1] Panorama de la Philanthropie-Observatoire de la Fondation de France-2021

[2] Baromètre de la générosité, France générosités, 2022